La traite des êtres humains est une infraction, et il revient aux autorités judiciaires cantonales de la poursuivre. La Suisse applique plusieurs bases légales en la matière. Au sens du code pénal, il s'agit d'un crime dès que l'auteur recrute des personnes (adultes et mineurs), offre leurs services, les transfère, les héberge à des fins de prostitution, d'exploitation du travail ou de prélèvement d'organe et qu'il tire profit de la situation de détresse de la victime et la réalise par des moyens de contrainte. La traite est souvent en lien avec d'autres infractions (encouragement à la prostitution, trafic de migrants, entrée illégale dans le pays, infractions à la loi sur les étrangers).
Infractions enregistrées (SPC)
  | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Traîte d'êtres humains (art. 182 CP) |
61 | 46 | 58 | 125 | 125 | 85 | 99 | 67 | 71 | 63 | 74 |
Encouragement à la Prostitution (art. 195 CP) |
86 | 69 | 130 | 181 | 156 | 146 | 108 | 84 | 59 | 80 | 79 |
Source: Office fédéral de la statistique, Statistique policière de la criminalité SPC (nombre d'infractions saisies, état: juin 2024)
Depuis 2020, les infractions enregistrées par la police figurent dans la SPC selon le type d'exploitation.
Infractions enregistrées par la police, 2020-2023
  | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Nombre de cas de traite d'êtres humains (art. 182 CP) | 67 | 71 | 63 | 74 |
aux fins d'exploitation sexuelle |
51 | 31 | 45 | 51 |
aux fins d'exploitation du travail |
15 | 40 | 18 | 23 |
en vue du prélèvement d'un organe |
0 | 0 | 0 | 0 |
type d'exploitation inconnu |
1 | 0 | 0 | 0 |
Source: Office fédéral de la statistique, Statistique policière de la criminalité SPC (état juin 2024)
Condamnations pénales
  | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Traîte d'êtres humains (art. 182 CP) |
13 | 15 | 19 | 11 | 6 | 4 | 10 | 9 | 13 | 7 | 8 |
Encouragement à la prostitution (art. 195 CP) |
23 | 35 | 30 | 15 | 12 | 21 | 12 | 19 | 25 | 7 | 13 |
Source: Office fédéral de la statistique, statistique de condamnations pénales (nombres de condamnations entrées en force, état: juin 2024)
Aide aux victimes (chiffres basés sur les conseils aux victimes prodigués par les centres de consultation cantonaux pour victimes d'infractions)
  | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
Traite d'êtres humains (art. 182 CP) | 190 | 145 | 111 | 158 | 164 | 186 | 193 | 254 | 271 | 264 | 261 |
Encouragement à la prostitution (art. 195 CP) | 115 | 114 | 97 | 123 | 116 | 120 | 85 | 116 | 140 | 134 | 112 |
Source: Office fédéral de la statistique, statistique de l’aide aux victimes (dossiers ouverts pour indemnisation, réparation morale et consultation en cas de traite d'êtres humains et/ou de prostitution, état: juin 2024)
En Suisse, toutes ces victimes ont des droits. Toute personne qui a subi, du fait d'une infraction, une atteinte directe à son intégrité physique, psychique ou sexuelle, a droit à un soutien et à de l'aide, quels que soient sa nationalité et son statut de séjour (loi fédérale du 23 mars 2007 sur l'aide aux victimes d'infractions, LAVI; RS 312.5).
Ayant subi des traumatismes, des violences physiques et/ou psychiques, les victimes de traite ont droit à être protégées, notamment pour qu'elles puissent retrouver un logement et bénéficier d'un soutien sur le plan médical et juridique. Si la victime a séjourné illégalement durant l'exploitation en Suisse, elle a droit à un délai de rétablissement et de réflexion de 30 jours. Pendant ce temps, elle peut stabiliser sa situation et doit décider si elle veut dénoncer son bourreau et témoigner contre lui. Si la victime est disposée à collaborer avec les autorités, elle peut obtenir une autorisation de séjour (art. 35 de l'ordonnance du 24 octobre 2007 relative à l'admission, au séjour et à l'exercice d'une activité lucrative, OASA; RS 142.201) durant l'enquête et la procédure judiciaire. La victime peut aussi avoir droit à une autorisation de séjour indépendamment du fait de témoigner et si sa situation personnelle l'exige (cas de rigueur).
Elle bénéficie également, en tant que témoin et tiers, d'une protection durant la procédure pénale. De plus, la loi fédérale du 23 décembre 2011 sur la protection extraprocédurale des témoins (Ltém; RS 312.2) prévoit, sous certaines conditions, une protection en dehors et après la clôture de la procédure.
Une aide au retour dans leur pays est ensuite possible. Cette aide consiste en un programme avec des conseils en vue du retour, une aide financière, médicale et matérielle pour la réintégration. Le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) est en charge de cette aide au retour. Pour mettre en œuvre ces mesures, le SEM collabore avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et les organisations non gouvernementales (ONG) spécialisées.
Dernière modification 11.07.2024